Tourne, tourne, petit moulin !
Émile Zola, dans son roman La Terre disait du moulin à vent de Beauce qu’ils étaient comme « un phare dans l’océan des blés ».
Alors qu’à la veille de la Révolution française, on dénombrait en Beauce 1789 moulins, il n’en reste aujourd’hui plus qu’une quinzaine.
Témoins d’un riche patrimoine, les moulins appartenaient autrefois aux seigneurs ou dépendaient des abbayes. Ils relevaient alors de ce que l’on appelait « la banalité ». Le seigneur devait entretenir le moulin qu’il mettait à disposition des habitants de la seigneurie. En contrepartie, la population payait une redevance et ne pouvait pas moudre son grain dans un autre moulin.
Moulin-pivot ou moulin-tour
Le moulin-pivot fait son apparition en Beauce au XIe siècle. Souvent construit à l’écart du village, il repose sur quatre soles posées sur des blocs de pierres et pivote autour d’un axe appelé bourdon. Le meunier oriente le moulin, les ailes face au vent, face à une queue, longue poutre en bois.
Le moulin-tour apparaît quant à lui plus tard souvent pour remplacer le moulin-pivot détruit par une tempête ou un incendie. Grande tour en pierres et coiffée d’un toit conique, la calotte tourne pour orienter les ailes.
Le langage des ailes
Les ailes des moulins servaient de moyen de communication.
Les ailes arrêtées en quartier ou « en croix de Saint André » signifiaient que le moulin était au repos, ou annonçaient la fin d’un conflit militaire.
Les ailes en croix ou « en bout de pied » appelaient au rassemblement. Dans le langage beauceron, cela indiquait qu’il y avait un décès dans la famille du meunier. Le moulin était alors dirigé vers la demeure du défunt.
Inclinées à gauche, les ailes alertaient d’un danger militaire et inclinées à droite, elles annonçaient que celui-ci était écarté. En Beauce, qu’elles soient inclinées à droite ou inclinées à gauche, on dit que les ailes sont en chien qui pisse. Cela signifie que le meunier rhabille ses meules ou que le moulin est en réparation.